Edito Décembre : « Le Temps de l’Avent, un temps pour espérer »

30 novembre 2024

« Le Temps de l’Avent, un temps pour espérer » par le Père Paco

Nous commençons le temps de l’Avent. Notre paroisse avance depuis quelques mois dans un dynamisme de fraternité croissante et de connaissance mutuelle. De quoi se réjouir ! Pour ces mois je vous propose quelques réflexions sur l’espérance qui est au cœur même de ce temps liturgique, ainsi que de cette année Jubilaire.

La bulle d’indiction du Jubilé de l’espérance (Spes non confundit) que le pape François a convoqué pour l’année 2025, ancre l’origine de ce Jubilé dans la première alliance : “L’Esprit du Seigneur est sur moi parce qu’il m’a oint ... pour proclamer une année de grâce du Seigneur” (Is 61). Le pape François inscrit ainsi cette année dans la tradition d’Israël, c’est-à-dire, dans le « Jubilé » (« l’année de grâce ») que Jésus a proclamé à la synagogue de Nazareth au début de sa vie publique (Lc 4).

Certains historiens situent la naissance de Jésus 6 ans avant l’ère chrétienne. Cela nous permet de situer le jubilé que nous allons vivre en 2025 deux mille ans après le Jubilé de Nazareth. C’est dans cette petite synagogue de “rien du tout” qu’a eu lieu le noyau de la nouvelle Alliance.

Je vous invite en ce début de l’Avent à vous laisser éclairer avec moi par le texte de saint Luc (Lc 4, 16-30) à propos de notre Jubilé de l’espérance. Toute conception de l’espérance n’est pas chrétienne même si elle est faite par des chrétiens. Qu’est-ce qu’il nous est permis d’espérer ? Qu’est-ce que nous sommes certains d’espérer ? Ce que nous espérons va-t-il parvenir ?

Il est fréquent de concevoir le mot ‘espérance’ en référence à une « idéologie du progrès », comme si « être progressiste » était synonyme de « ne pas être arriéré ». En ce cas, on verrait les autres comme des gens non formés, incapables de se déplacer et d’évoluer, comme le fléau des peuples. Dans la même longueur d’onde pour beaucoup de chrétiens l’“espérance” est synonyme d’une église qui évolue au rythme de la modernité, comme condition première pour que les nouveaux pas que l’on pose permettent de contribuer à un plus grand développement de la société et du monde. L’autre côté de la monnaie est aussi pernicieux. Ceux pour qui l’espérance est précisément une réaction au progrès, une sorte d’immobilisme. Là aussi le fondement est obscur, car cette réaction n’est souvent qu’un recours à reprendre certains éléments du passé immédiat, mais sans renouer avec la sève qui le portait.

Le pape François, dans la bulle d’indiction, dépasse ce clivage idéologique en montrant tous les éléments constitutifs de l’espérance chrétienne. Il va insister sur le fait que ce Jubilé devrait se cristalliser dans un horizon qui est présent dans tout son pontificat : « Reconnaître et traiter le Christ dans les autres » (Mt 25, 40). Chercher la vie éternelle (fondement dernier de l’espérance chrétienne) ne peut pas se faire réellement sans entrer dans la dynamique concrète de l’inclusion, de la « relation à l’autre », conscients de traiter en tout homme le Christ. Pour lui l’espérance chrétienne ne saura pas être individualiste. Elle est toujours relationnelle. Le Jubilé doit être un temps de construction d’une civilisation plus fraternelle.

Providentiellement, dans l’année 2025 l’église célèbre aussi l’anniversaire du Concile de Nicée, 1700 ans après la proclamation du dogme christologique formulé dans le Credo : « Le Fils est consubstantiel au Père ». Formule qui était et qui reste une pierre d’achoppement pour la culture grecque de l’époque tout comme pour notre culture moderne. La lettre des évêques français pour l’année qui commence l’a profondément rappelé. Ils considèrent effectivement que cette coïncidence est très providentielle. Non tant parce qu’elle nous fait entrer dans la tradition mais parce qu’elle nous permet d’accueillir la sève nécessaire pour que la vraie fraternité se réalise. Pas de fraternité authentique sans réaliser la capacité que l’Incarnation a procuré à l’homme : la divinisation (concile de Nicée). En contemplant le Jubilé de Nazareth on voit encore plus profondément la pertinence de cette coïncidence.

De fait le Jubilé de Nazareth ne finit pas de manière très fraternelle (cf. Lc 4). Ses voisins voulaient jeter Jésus dans un précipice. La prétention de Jésus était la venue du Règne de Dieu prophétisée par Isaïe. Or les chemins qu’il proposait coïncident avec ceux que plus tard le concile de Nicée ferait siens. Le dépassement de la « rivalité mimétique » était au cœur de l’accomplissement que Jésus proclamait. C’est seulement en accueillant la pleine divinité de l’homme Jésus que l’on peut accueillir la véritable divinisation de l’homme. Seulement ainsi la réciprocité et la fraternité non menacées toucheront l’histoire. Notre Jubilé pourrait-il suivre les traces du 1er jubilé chrétien. Voici mon espérance ! Continuons notre marche dans notre paroisse de Vedène !