Edito Carême : « Au-dessous de la boue il y a l’eau pure »

9 mars 2025

 

« Au-dessous de la boue il y a l’eau pure » par le Père Paco

En route vers ma retraite spirituelle je me suis arrêté à Lourdes. Et voici que Marie m’a suggéré mon programme de Carême 2025.

Cette année mon premier Carême à Vedène se présente avec plein de signes de l’action de la grâce. Je remercie tous les jours le Seigneur de m’avoir envoyé chez vous. En effet, grâce à votre accueil je me sens de plus en plus chez moi. Non seulement par la qualité de votre amitié mais aussi par les preuves constantes de foi et de charité qui se manifestent en vous. Aussi par le feu missionnaire qui vous anime. Cette année grâce à votre mission dans les quartiers, plein de gens sont venus visiter la crèche, et aussi constater la présence d’une communauté vivante dans la colline de l’église. Des « quartiers dortoir » à la « colline réveil ». À Lourdes j’ai compris que ce Carême pouvait être pour chacun de nous la possibilité de passer de la somnolence à la revitalisation. Pas que pour nous, mais aussi pour offrir à nos frères et sœurs les chemins de passer de la morosité et du pessimisme anthropologique au ressourcement intérieur qui transforme la banalité quotidienne en élan durable et même « inoxydable ».

La Dame dit à Bernadette de prendre de l’eau. Non de la rivière mais au-dessous de la grotte de Massabielle où il n’y avait que de la boue. Cette demande n’était pas que le signe du miracle de l’eau de Lourdes. Aussi. Mais le geste que Marie demande à Bernadette, dans sa « non logique », a une importance très profonde pour nous. Marie Immaculée ne fait pas que dire qu’elle est « l’Immaculée Conception », dans son exceptionnalité », Marie dit à Bernadette, en passant, qu’au-dessous de nos boues, il y a l’eau pure. Ou dans le langage des Saints du Carmel, il y a un noyau de l’âme dans lequel le diable n’a pas d’accès. Si on descend dans notre intérieur en n’ayant pas peur de rencontrer la boue que nous n’aimons pas de nous-mêmes, nous permettons au Seigneur de faire émerger en nous l’eau pure de la vraie liberté de l’Amour. La joie du don de soi. Le chemin de Carême est un chemin de descente intérieure pour permettre de faire émerger l’eau pure d’un cœur joyeusement généreux. Plus cette expérience devient vraie, comme Bernadette l’a constaté, et plus notre regard est capable de traverser la boue de nos frères et de voir l’eau pure dans leur cœur.

Eux-mêmes, dans leurs logiques « réalistes » mais pas assez réelles, ne peuvent pas la voir, mais elle y est. Depuis un bon moment le Seigneur m’a fait découvrir que c’est le sens le plus profond de l’Esperance. Il est certain qu’à l’intérieur de toute la boue personnelle et sociétale se cachent des ressources incroyables qu’on a le droit et le devoir de pouvoir faire jaillir. C’est le moteur de ma vie missionnaire depuis 20 ans et, qu’à Massabielle, Marie m’a demandé de venir en France.

Cette visite toutefois a été spéciale. J’ai fait tout seul pendant deux longues heures le chemin de croix dans la colline au-dessous de la grotte, et ce chemin de croix m’a fait découvrir qu’il est la méthode par laquelle l’eau pure peut jaillir vraiment de la boue. Accompagner Jésus, du saisissement des soldats à la mise au tombeau dans une autre grotte qui se trouve juste de l’autre côté de la colline des apparitions, en permettant que la musique intérieure de son cœur nous touche, est la méthode infaillible pour qu’au-dessous de ma boue jaillisse l’eau pure. J’espère que dans le chemin de croix que nous ferons tous les vendredis de Carême à saint Thomas, vous puissiez découvrir la pertinence de cette école pour vos vies..., telle qu’elle s’est imposée à moi !

Bétharram n’était pas loin : le matin de ce même jour, François Bayrou était venu pour rencontrer les victimes des saloperies de cette école catholique. De quoi nous remplir du plus grand pessimisme. Notre Carême ne peut pas être raté. Ce ne peut pas être encore un « rêve » de bonnes intentions que personne n’est plus prêt à avaler. Faire jaillir l’eau de la boue de Lourdes est un vrai programme pour chacun de nous.

Pour toute notre Eglise catholique puissions-nous devenir des puisatiers de cette eau. Aussi pour nos frères et sœurs en humanité ?