L’origine de la tradition de la crèche est attribuée à François d’Assise (mi italien mi provençal) qui, en 1223, a eu l’idée de créer une sorte de pièce de théâtre représentant la naissance de Jésus. La première crèche est donc une crèche vivante, jouée par les habitants du village de Greccio, en Italie. Elle permet aux chrétiens de mieux imaginer le contexte au sein duquel Jésus est né et donc d’exprimer le sens de la Nativité et du mystère de l’Incarnation. L’idée se répand ensuite dans toute l’Italie et s’invite en Provence, grâce aux prédicateurs franciscains.
Au XVIe siècle, les Jésuites introduisent des modèles réduits de la crèche dans les églises d’Europe de l’Est, notamment à Prague. Dans le cadre de la Contre-Réforme, ils s’en servent comme catéchèse pour tous. Les modèles vivants sont donc remplacés par des personnages en cire, en plâtre, en terre cuite, en bois et même parfois en mie de pain. La coutume se popularise alors un peu partout en Europe.
En Provence, la crèche a un caractère culturel indéniable. La tradition des crèches domestiques s’installe en France pendant la Révolution. En effet, il est alors interdit de représenter des scènes religieuses en public, la messe de minuit est prohibée, ainsi que l’installation de crèches dans les églises. Les croyants n’ont donc d’autre choix que de faire des crèches de Noël chez eux, à l’abri des regards. C’est depuis ce temps-là que nous avons gardé l’habitude d’installer, au sein de nos foyers, la crèche de Noël.
« La crèche provençale est le fruit d’un itinéraire unique, mêlant au fil du temps, le profane au religieux ». On touche pleinement à la réalité de l’Incarnation (Dieu avec nous, Dieu parmi nous) : les santons sont des personnages typiques ou célèbres de la région qui sont mêlés aux défunts de la famille et surtout à tous les petits métiers du 19e siècle. S’y ajoutent nécessairement l’ange, le pêcheur, l’aveugle et son fils, le tambourinaire, le ravi… Ici à Vedène chaque année il y en a plus ! Durant le temps de Noël, il y a l’habitude d’entrer dans les églises pour « voir la crèche ». Ce petit rituel est une occasion offerte à chacun pour se laisser imprégner de la merveille de ce que l’Incarnation dévoile de la vraie valeur de chaque homme. L’espérance certaine. Gaudium et Spes 22. « Le Christ révèle l’homme à lui-même et lui montre la grandeur de sa vocation ».
L’homme aujourd’hui ressemble au pécheur de notre crèche de Vedène. Son chapeau empêche de voir son visage. Il passe sa vie à chercher dans le fleuve de la vie, quelque chose qui puisse rassasier ses soifs d’amour et de valeur. Un chapeau, mieux, une chape de plomb, ou parfois un plafond de verre, lui interdisent de voir, à travers les tissus de ses pensées parasites, les merveilles que Dieu à Noël lui a déjà données ! Mais en notre crèche, quand on regarde le lac dans lequel il pêche, on voit reflété, son vrai visage. Prendre un temps devant la crèche nous laisse « des miettes intemporelles ». Cela nous permet de voir dans la « famille de la grotte », comme dans un miroir, notre vrai visage. Et dans leurs relations pures, on puise l’oxygène nécessaire pour continuer à construire, dans notre monde pollué, la civilisation de l’amour !
Joyeux Noël à tous ;
Père Paco